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« A 52 ans, je vise la médaille à ces JO ! »

Le talent et la victoire n’ont pas d’âge. Escrimeuse fauteuil à cause de sa maladie, membre du Team Athlètes France Travail, Cécile Demaude s’épanouit dans son sport qu’elle maîtrise aujourd’hui à la perfection. Au point d’envisager sérieusement la médaille aux Jeux. La médaille de l’expérience et du combat d’une vie.

Publié le  02/09/2024

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Gamine, je n’avais pas du tout prévu de faire des Jeux ! Le fait de me retrouver en fauteuil m’a permis d’avoir cette chance-là. Je me dis que je suis une sportive, pas une malade. Je suis fière de moi et de ma carrière mais j’ai dû mal à le dire…


Elle fixe son interlocuteur, à la fin de l’entraînement dans la salle d’armes dans l’est de Bordeaux. Et se livre sans tabou. « Le sport m’a sauvé la vie. Non, le mot n’est pas trop fort. »
1999. La maladie, le fauteuil. Puis plusieurs années d’errance médicale avant que le verdict ne tombe comme un couperet. C’est la sclérose en plaques. Cécile était une grande sportive qui touchait un peu à tout, tennis, ping-pong, basket. Alors pas question de se laisser abattre par le destin. Elle découvre l’escrime-fauteuil. Une révélation. Comme un exutoire contre la maladie qui progresse. Elle travaille et travaille encore. Déterminée, elle atteint le haut niveau. Aujourd’hui, à 52 ans, elle se prépare pour ses troisièmes Jeux Paralympiques, après avoir déjà collectionné des dizaines de médailles en Coupes du monde ou aux championnats d’Europe.

L’escrime-fauteuil est un sport technique et exigeant. Le bras gauche de Cécile est son bras armé. Il doit être explosif, rapide. Elle pratique des exercices d’élasticité. Son bras droit est celui du maintien au fauteuil. Qui lui permet de s’accrocher et jouer de son buste. Il « compense » les abdos qu’elle n’a plus. Elle le travaille avec de la musculation pure.        

Cécile est spécialiste du sabre et de l’épée. Le calendrier est chargé pour ces Jeux. Epreuve individuelle en sabre, individuelle et par équipe à l’épée. Profiter de sa meilleure forme à l’âge où tant de sportifs ont déjà pris leur retraite depuis bien longtemps.

« J’ai un potentiel de médaille plus important que jamais. Avant, mon organisation personnelle d’entraînement n’était pas très professionnelle. Désormais, j’ai un temps aménagé. En cette période pré-olympique, je suis à 20 % de temps de travail. Et j’y tiens à ces 20 % ! On m’a pourtant proposé d’être à 100 % entraînement mais j’ai refusé. Je veux poursuivre ma mission de conseillère … »

Le respect, d’abord

Cécile aime son métier de gestionnaire des droits à France Travail, les contacts réguliers avec les demandeurs d’emploi et l’adaptation à une législation sans cesse en évolution. Elle est fière de son employeur (depuis 2007) et de sa longueur d’avance en matière d’inclusion.

Tout a été fait pour me faciliter la vie par rapport à l’évolution de ma maladie. Et avec mes collègues, on parle de plus en plus naturellement du handicap.


Cécile Demaude, sportive de haut niveau, à la volonté et capacité de concentration supérieures à la normale, pourrait logiquement prendre le leadership dans son équipe et s’imposer. Mais cela irait contre ses principes.
« J’aime trop le travail d’équipe. Une décision est toujours collégiale. D’ailleurs, parmi les valeurs du sport qui sont transposables à la vie professionnelle, il y a en priorité, pour moi, le respect. Tant qu’il y a du respect, on peut avancer tous ensemble. »

Son plus beau cadeau, au-delà d’une médaille, est l’affection de ses collègues. Une affection réciproque. « Ils sont derrière moi et j’espère ne pas les décevoir. Il est même question que la DR autorise l’installation d’un écran dans l’agence de Villeurbanne le jour de mes épreuves. Mais c’est une pression positive. » Même si la pression, elle connaît avec tout ce vécu depuis tant d’années, les Jeux à Paris, c’est encore plus fort que ce qu’elle a pu connaître. Mais elle les a préparés et sait ce qu’il faut faire et ne pas faire le jour J, celui ou tout peut arriver.

Je suis à fond sur ces Jeux Paralympiques depuis fin 2022. Lorsqu’ils seront terminés, j’ai envie de me dire que je suis allée là où je voulais aller. Une médaille serait un accomplissement.